Les plateformes de services en ligne: un atout pour la filière musicale à l’ère numérique

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Dans le cadre de l’audition organisée le 1er juin 2011 par la mission confiée par le Ministre de la Culture et de la Communication à MM. Selles, Riester, Chamfort, Colling et Thonon, sur le financement de la diversité musicale à l’ère numérique, l’ASIC1 a souhaité mettre en avant la contribution des acteurs de l’Internet – au premier rang desquels ses membres – à la filière musicale.

L’ASIC souhaite rappeler en premier lieu que le marché de la musique sur Internet est en pleine croissance. Les ventes numériques de musique enregistrée au 1er trimestre 2011 ont representé un chiffre d’affaires de 26,3 millions d’euros en hausse de 13,2% par rapport au premier trimestre 20102. Il importe pour les pouvoirs publics de soutenir cette croissance. Pour l’ASIC, l’enjeu est donc de ne pas opposer Internet et musique mais plutôt de considérer Internet et en particulier les plateformes communautaires comme un support complémentaire, que la filière musicale doit continuer à investir, profitant ainsi d’une nouvelle fenêtre de diffusion et de valorisation pour ses contenus.

Dans ce contexte de croissance, les plateformes apportent leur contribution à la filière musicale à la fois en mettant à disposition des outils de protection, de promotion et de valorisation des contenus sur Internet favorisant ainsi la diversité culturelle, mais également permettant l’émergence de système de rémunération de l’ensemble de la filière (auteurs, producteurs, maisons de disques…).

Nonobstant ces éléments, l’ASIC reste convaincue que le soutien des pouvoirs public à la production musicale devrait être renforcé au travers d’une amélioration du crédit d’impôt à la production comme l’avait proposé le rapport Zelnik.

¨ La protection du droit d’auteur et le contrôle par l’ayant-droit »
Des plateformes telles que Dailymotion et YouTube ont développé des systèmes d’empreintes permettant d’identifier et gérer les contenus afin de protéger le droit d’auteur mais également d’assurer le contrôle par l’ayant droit. L’ASIC appelle à privilégier une logique de coopération bénéficiant aussi bien à l’innovation technologique qu’à la création artistique en favorisant le recours aux systèmes de reconnaissance des contenus (Audible Magic, INA, Content ID, etc.) à tous les stades de la création. Grâce à cette technologie, l’ayant-droit peut transmettre une empreinte de ses contenus ainsi que les règles qu’il souhaite voir appliquer et correspondant à ses droits lorsqu’un internaute met en ligne l’un de ses contenus. Il convient de souligner que ces technologies ne se situent pas uniquement dans une perspective de blocage des contenus reconnus, mais permettent également et surtout une « monétisation » des contenus générant des revenus pour l’ayant-droit sur la base d’une audience démultipliée.

Avec le soutien des pouvoirs publics, l’enjeu est de généraliser l’utilisation de ces systèmes d’empreintes afin de développer des modèles rémunérateurs pour l’ensemble des partiesprenantes. A ce titre, l’ASIC avait proposé dans le cadre de la mission dite « Zelnik » d’inciter les sociétés de gestion collective à consacrer une part de leurs frais de gestion à la numérisation des oeuvres existantes afin de leur permettre d’une part d’enrichir l’offre légale et d’autre part d’alimenter les catalogues d’empreintes permettant ensuite de pouvoir choisir entre le blocage du contenu ou sa monétisation.

Ces systèmes d’identification viennent compléter les procédures de signalement et de retrait des contenus illégaux. Les plateformes d’hébergement de contenus membres de l’ASIC mettent en effet à la disposition des ayant-droits des outils de notification et de retrait qui leur permettent d’alerter la plateforme facilement de la présence d’un contenu manifestement illicite.

En 2008 et 2009, l’ASIC a participé et soutenu les discussions sous l’égide du CSPLA entre les plateformes de partage de vidéos, les ayant-droits et les associations de consommateurs afin de mettre en place une charte sur les contenus vidéos créés par les utilisateurs. Cette charte pourrait répondre à un double objectif : développer tout le potentiel des plateformes de vidéos pour favoriser l’expression et la créativité des utilisateurs tout en protégeant les intérêts légitimes des ayants-droits et la nécessaire protection et valorisation des droits d’auteur.

¨ Le foisonnement de la création en ligne »
Internet, et plus précisément les plateformes de service en lignes, contribuent largement à la diffusion et à la diversification de la création. Nombreux sont les artistes qui aujourd’hui ont été découverts grâce à des plateformes communautaires membres de l’ASIC, certains ayant été propulsés dans les rangs de stars internationales. Le guitariste français Matthieu Rachmajda, plus connu sous le nom de MattRach, en est un très bon exemple. Découvert grâce aux vidéos de ses performances musicales qu’il avait posté sur des plateformes de partage de vidéos, il compte aujourd’hui plusieurs dizaines de millions d’abonnés à ses chaines vidéos, et il vend ses morceaux sur iTunes.

Les plateformes de videos en ligne permettent l’expression de la créativité à tous les niveaux de l’utilisateur inspiré à l’artiste confirmé. Ouvertes à tous, elles offrent les mêmes opportunités aux entreprises multinationales et aux créateurs indépendants. Elles représentent un véritable tremplin pour des créateurs anonymes.

¨ Un outil puissant de promotion des artistes »
Grâce à l’audience des plateformes, les labels ou producteurs indépendants ont à leur disposition des outils de promotion puissants et permettant d’atteindre une audience mondiale. Avec par exemple 3 milliards de vidéos vues chaque jour sur YouTube et 1,2 milliards sur Dailymotion, les artistes peuvent bénéficier d’une audience considérable en quelques clics de souris. Il n’est pas rare que certains d’entre eux se fassent remarquer à travers une performance depuis leur chambre. C’est ainsi qu’Esmee Denters, une adolescente hollandaise, a été remarquée par Justin Timberlake et fait désormais partie de ses tournées mondiales. Grâce aux réseaux sociaux tels que Facebook, les fans peuvent partager ces contenus et donc contribuer à leur diffusion et à leur promotion.

Les maisons de disques, quant à elles, ont la possibilité d’intégrer ces vidéos dans le blog ou site web de leur choix pour en démultiplier la diffusion. De plus, avec le développement de la video distribution en ligne, les plateformes communautaires sont devenues des outils de choix pour la diffusion, y compris en direct, de concerts pour les fans du monde entier.

Si les plateformes communautaires sont des instruments de diffusion massive de la créativité, elles sont aussi un outil d’analyse au service des artistes. Les plateformes communautaires permettent aux maisons de disques et aux artistes d’avoir des données sur la manière dont leurs fans réagissent à leur musique. Les artistes peuvent de cette manière découvrir ou se trouve leurs plus fortes audiences dans le monde, la démographie de celle-ci et même quelles parties de leurs vidéos les fans préfèrent. Cette information peut s’avérer être précieuse lorsqu’il s’agit de promouvoir des nouvelles chansons, d’engager une conversation avec ses fans ou de définir les étapes d’une tournée de concerts.

¨ La mise en place d’un écosystème de la musique sur internet »
La valorisation de la création artistique par les plateformes de services en ligne se fait par le biais de modèles économiques fondés sur le développement de la publicité (basée sur la monétisation du trafic), du paiement à l’acte ou par abonnement – au 1er trimestre 2011, les revenus des offres en “streaming” financées par la publicité ont progressé de 23%, les ventes en téléchargement Internet ont augmenté de 7,8% enfin, les revenus par abonnement ont augmenté de plus de 57% par rapport au 1er trimestre 20103. Aujourd’hui, les principaux partenaires musicaux des plateformes communautaires genèrent des millions de dollars par mois. La monétisation des contenus sur ces plateformes est également possible grâce à des redirections vers les plateformes de ventes en ligne des morceaux musicaux tels que Amazon,
iTunes ou fnac.com.

La contribution de ces nouveaux acteurs de l’Internet a également pris les contours d’accords signés avec les sociétés de gestion collective. Par exemple, les plateformes de vidéo Dailymotion et YouTube ont signé des accords avec les sociétés de gestion collective telle que la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique) qui permettent aux compositeurs et éditeurs de musique d’être rémunérés pour la diffusion de leurs oeuvres sur ces plateformes.

Les plateformes communautaires sont la première étape d’un nombre croissant de créateurs et artistes de la filière musicale. Leur modèle ouvert les distingue des autres canaux de distribution qui viennent plus tard dans le parcours d’un créateur de par la sélection qui y est opérée. Derrière ce modèle ouvert, les plateformes communautaires financent la bande passante et toute l’infrastructure nécessaires pour stocker puis distribuer sur les réseaux les contenus musicaux. Cette contribution se chiffre en milliards d’€ au plan mondial.

Ce modèle ouvert est la meilleure arme pour garantir un espace de distribution à la diversité culturelle.

¨ Une contribution déjà forte des acteurs de l’internet au développement de la musique l’internet »
En conclusion, il pourrait être rappelé que les acteurs de l’internet contribuent, directement ou indirectement, au développement de la musique sur internet. Cette contribution prend les formes suivantes :
– Un partage des revenus publicitaires générés lors de la consultation par les internautes de certaines vidéos, représentant chaque année en France, plusieurs millions d’euros ;
– Une prise en charge par les plateformes des coûts liés tant au développement technologique (player, outil de finger printing, etc.) qu’à la diffusion desdits contenus (coût de la bande passante, etc.) ;
– Un investissement des plateformes sur le plan marketing permettant d’assurer une visibilité importante aux contenus mis en ligne par les ayants-droit
Si au plan national, ces contributions directes et indirectes de la part des acteurs de l’internet peuvent s’évaluer à environ une quinzaine de millions d’euros, leur montant peut être porté à plus d’un milliard d’euros au plan mondial.

Les plateformes communautaires membres de l’ASIC constituent une contribution à la filière musicale qui ne doit pas être sous-estimé et qui relève principalement de leur modèle ouvert combiné avec des mécanismes de protection et de valorisation des droits d’auteur:
¨ Le modèle ouvert – qui implique financièrement une infrastructure de stockage et de réseau importante – permet aux créateurs et artistes de trouver des canaux de distribution sans barrière à l’entrée.
¨ Tout en préservant ce modèle ouvert, les plateformes communautaires membres de l’ASIC investissent dans des technologies de protection et de valorisation des droits d’auteur et passent des accords visant à développer des modèles économiques innovants et rémunérateurs pour les créateurs.

L’ASIC recommande une politique visant à favoriser le développement de ces plateformes et à généraliser l’utilisation des technologies de reconnaissance des contenus audiovisuels car les empreintes des contenus audiovisuels sont le socle de nouveaux modèles économiques innovants et vertueux.

A propos de l’Association des Services Internet Communautaires (ASIC)
L’Association des Services Internet Communautaires (ASIC) est la première organisation française à réunir les acteurs du web 2.0 et vise à promouvoir le développement du « nouvel internet ». L’ASIC est présidée par Giuseppe de Martino, Secrétaire général et Directeur juridique et réglementaire de Dailymotion, et par Pierre Kosciusko-Morizet, Président de PriceMinister.

Contacts :
Giuseppe de MARTINO
Co-Président de l’ASIC
president@lasic.fr
Olivier ESPER
Trésorier de l’ASIC
contact@lasic.fr
Benoit TABAKA
Secrétariat général de l’ASIC
contact@lasic.fr